Transmission Opera
Ouverture des portes à 19 h.
Wagner, à trente ans, n’avait pas encore posé les grands principes du drame wagnérien.
Son Vaisseau fantôme est encore un « opéra romantique », comme il le désigne lui-même, mais il ne ressemble déjà plus à ceux de ses devanciers.
Sur le thème, très romantique en effet, du capitaine hollandais devenu fantôme errant à la recherche de celle qui le sauvera de la damnation, le jeune compositeur a d’abord construit un formidable livret, qui met en présence son héros avec Senta, la jeune fille idéaliste et amoureuse qu’il recherchait. Mais la malédiction sera la plus forte. Ce texte une fois construit, il ne restait plus au musicien qu’à y faire souffler les tempêtes qui fondent sur les personnages de cette légende, tempêtes semblables à celle, épouvantable, qu’il avait traversée sur la mer du Nord, trois ans auparavant. Si les chants joyeux des marins revenus au port, le choeur des fileuses et la figure pittoresque de Daland, le père de Senta, apportent à l’ouvrage de savoureux moments de détente, la partition est tout entière soulevée par les passions de Senta et de son fiancé Erik, par l’espoir impérieux du sinistre Hollandais, par le désespoir sardonique des marins fantômes et par le déchaînement des flots dans un orchestre survolté.
Dans la réalisation de Berverly et Rebecca Blankenship, l’eau joue un rôle fondamental, d’une manière dont on laissera au spectateur la surprise. Mais les deux soeurs ont aussi creusé les personnages avec une grande acuité, révélant toutes les facettes du trouble qui s’empare d’eux et les conduit au bord de la folie. Un modèle de mise en scène.